Lors des visites de ce début juillet, alors que Béné et moi faisions visiter le jardin, quelques plantes étonnantes ont particulièrement attiré l’attention des visiteurs.

Romneya coulteri exhibait haut et fier ses énormes fleurs de pavot blanc avec un pompon d’étamines jaune d’or. Un visiteur attentif nous a fait remarquer une petite frange de poils sur les marges des feuilles vert argenté, profondément découpées.

Romneya coulteri

Romneya coulteri, énormes fleurs de pavot blanc avec un pompon d’étamines jaune d’or

La floraison du pavot en arbre est à son apogée en ce début juillet et peut, semble-t-il, se renouveler jusqu’en septembre…  Les fleurs sont éphémères mais se renouvellent tous les jours.  J’ai lu qu’elles avaient un léger parfum mais je n’ai pas vérifié…
Chers visiteurs, avez-vous senti leur odeur de citron?…

Romneya coulteri, énormes fleurs de pavot blanc avec un pompon d’étamines jaune d’or

 

 

En tout cas, ces géants aux pétales froissés ne laissent pas indifférent ceux qui les découvrent pour la première fois!
Le port arbustif du Romneya coulteri lui vaut aussi le nom de “coquelicot en arbre” ou encore “pavot en arbre”.


Il paraît que la reprise est souvent capricieuse après une transplantation mais une fois installé, ce pavot peut devenir envahissant.  Nous nous en sommes aperçus lors d’une charrette en octobre dernier lorsque nous avons tenté de le maîtriser dans le jardin d’André Eve!  La souche, vigoureuse, s’étale sans limite par de puissant rhizomes souterrains pouvant atteindre plus de 1 mètre de longueur! Romneya coulteri a envahi tout le massif et même traversé le chemin engazonné pour aller voir le massif d’à côté!
Le jardin d’André Eve lui offre les conditions idéales: une situation abritée, en plein soleil, dans un sol profond, très drainant et sec.  Preuve qu’il s’y plaît : il culmine à près de 2 mètres de hauteur!
Le manque d’arrosage de ce printemps ne lui a pas posé de problème car il supporte la sécheresse. D’ailleurs, un sol pauvre et caillouteux lui convient à merveille. Il résiste jusqu’à -10/-15°C en sol sec.

L’Aesculus parviflora, Pavier blanc ou marronnier nain s’est également fait remarquer par sa spectaculaire floraison blanche, au sein d’un massif, près de la cabane!

Aesculus parviflora (Pavier blanc, marronnier nain)

Les très longues étamines donnent un aspect plumeux aux panicules de 20 à 30 cm.

Aesculus parviflora (Pavier blanc, marronnier nain)

L’arbuste doté de multiples troncs est plus large que haut. Ses grandes feuilles sont d’abord bronze puis vertes en été et jaunes en automne. Après la floraison, des petits marrons de 3 cm apparaîtront.

Aesculus parviflora (Pavier blanc, marronnier nain)

Facile à cultiver, le pavier blanc se plaît au soleil comme à l’ombre, en sol riche et pas trop sec. Véritable sujet d’ornement, il est idéal pour planter dans un petit jardin, en massif ou en isolé. Sa croissance est assez rapide et sa taille adulte est de 3 à 5 mètres.

Althaea cannabina, la guimauve à feuilles de cannabis ou à feuille de chanvre, est plus discret, léger et vaporeux. On le devine ici derrière le marronnier, dans le coin supérieur droit de la photo.

Aesculus parviflora (Pavier blanc, marronnier nain) et althaea cannabina

Cette plante dressée et ramifiée est bien moins spectaculaire mais attire néanmoins le regard des visiteurs par sa grâce et sa légèreté.  Dans le jardin privé d’André Eve, en plein soleil comme il se doit, elle atteint 2 mètres de haut!
De juin-juillet à août, elle offre de nombreuses fleurs rose brillant, solitaires, de 3 centimètres de diamètre.
Comme nous ne connaissions pas le nom de cette plante le samedi matin, nous avons lancé un appel à l’aide sur un groupe facebook dédié aux vivaces afin de l’identifier. Nous remercions d’ailleurs au passage David qui a pu nous renseigner le nom précis de cette plante en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire!

althaea cannabina dans le jardin privé d’André Eve

au centre, en second plan, de gauche à droite, althaea cannabina et marronnier nain.

On retrouve ces 3 plantes sur cette vue du jardin: les immenses pavots de Romneya coulteri, à gauche, et le marronnier nain, au centre avec le brouillard de l’althaea cannabina.
A droite, on remarque aussi des tiges dressées portant haut des panicules cuivrés: c’est un macleaya cordata.

Romneya coulteri, Aesculus parviflora, althaea cannabina et macleaya cordata

Macleaya cordata ou Bacconie cordée est une vivace rhizomateuse très haute (2,50m x 1m). Elle offre un magnifique feuillage lobé vert glauque et, l’été, un nuage de fleurs en épis plumeux de couleur crème à chamois très pâle qui virent au roux à l’automne.

Macleaya cordata ou Bacconie cordée

Macleaya cordata ou Bacconie cordée

Ces grandes panicules mellifères restent décoratives jusqu’en septembre.

Macleaya cordata

Elle se plaît au soleil, en sol ordinaire, frais et drainant.
Ses rejets peuvent se montrer envahissants, souvent loin de la souche, mais les drageons s’enlèvent paraît-il assez facilement en tirant sur la tige, elle reste donc contrôlable. Attention néanmoins car les tiges et les feuilles contiennent un latex orange toxique. 

On reconnaît encore le macleaya cordata ici, entre deux autres floraisons remarquées en ce mois de juillet: Strobilanthes pentstemonoides (rankanensis) et Phytolacca americana ou Raisin d’Amérique.

Strobilanthes pentstemonoides (rankanensis), maleaya cordata et Phytolacca americana (raisin d’Amérique)

 

Béné et moi ne connaissions pas le Strobilanthes pentstemonoides (rankanensis) et l’étiquette avait disparu dans la végétation dense de ce buisson tout fleuri. Un nouvel appel à l’aide sur facebook nous a permis de l’identifier rapidement (Merci Caroline qui a été la première a donner son nom!).

C’est donc une vivace généreuse, qui porte déjà en ce début juillet de belles fleurs tubulaires mauves. Je lis pourtant sur divers sites spécialisés qu’il ne devrait fleurir qu’en septembre-octobre… Le buisson atteint environ 1 m de hauteur, avec des feuilles ovales, finement dentées, d’un beau vert vif.
Elle se plaît à toute exposition et accepte très bien l’ombre sèche, mais préfère un sol riche et frais, à mi-ombre.

strobilanthes  pentstemonoides (rankanensis)

Vu par l’autre côté de cette même allée, on découvre l’étonnant raisin d’Amérique!

macleaya cordata et Phytolacca americana , raisin d’Amérique ou Teinturier

C’est une plante grande et vigoureuse pouvant atteindre 3 m! Elle n’est pas si haute chez André, environ 1,20m seulement.
On la remarque plutôt pour ses grappes dressées de fleurs blanchâtres, en juin, ou pour ses grappes de petites baies charnues, noires et juteuses retombant au fur et à mesure que les fruits mûrissent.

raisin d’Amérique, Teinturier

On l’appelle aussi Teinturier car le fruit fournit une teinture violette très appréciée pour les tissages. Les baies sont toxiques pour l’homme et la faune mais elles n’ont pas d’action toxique sur les oiseaux qui en sont friands.
La souche est imposante et les tiges robustes.
La plante est considérée comme invasive et il convient d’éviter la prolifération des graines dans le paradis d’André Eve en intervenant avant la formation des fruits ! D’autant plus que la plante est réputée pour concurrencer et éliminer la flore environnante (sauf la ronce et la fougère).  Il est donc déconseillé de planter du Raisin d’Amérique!

Notez le feuillage de l’heuchère qui répond parfaitement aux épis cuivrés de Macleaya cordata, avec entre les deux le Phytolacca americana ou Raisin d’Amérique

Décidément, André Eve n’hésitait pas à introduire dans son jardin de ces plantureux envahisseurs! On aurait pu s’en douter rien qu’à sa manière d’user de l’aegopodium podagraria variegatum (l’herbe aux goutteux) dans ses bordures!

Les deux suivantes sont plus sages…

Kitaibelia vitifolia  est une vivace buissonnante qui forme une imposante touffe de grandes feuilles palmées, vert sombre, pouvant atteindre entre 1,50 et 2,50 m, parsemée de fleurs de mauve, toutes blanches.
C’est encore une fois grâce aux passionnés de vivaces connectés sur facebook que nous avons pu identifier celle-ci très rapidement (merci Viviane!).

Les pétales des petites fleurs blanc pur laissent apercevoir, à la base, le calice vert. Les fleurs ne sont jamais nombreuses à la fois mais elles se succèdent sans cesse de juin à août.

Kitaibelia

Robuste et doté de grandes facultés d’adaptation, Kitaibelia vitifolia peut être planté en tout sol, à toutes expositions. 

Le clérodendron bungei est quant à lui un arbuste de 2m de haut dont les feuilles froissées ont une surprenante odeur de cacahuète.
Il fleurit sur le bois de l’année. Les fleurs en étoiles rose foncé sont réunies en corymbes arrondis qui exhalent un parfum délicieux attirant les insectes pollinisateurs. Elles éclosent de juillet à août.  Des fruits presque noirs non comestibles leur succèdent en automne. 

Dans le jardin d’André Eve, le clérodendron près de la serre est haut mais peu ramifié. Avons-nous pensé à le tailler court lors d’une charrette de fin d’hiver pour favoriser l’apparition de nouvelles tiges vigoureuses et bien fleuries dès la fin de l’été?
Le Clérodendron bungei est un arbuste drageonnant raisonnablement. On peut en profiter pour séparer les rejets au printemps et les offrir aux amis!
Il apprécie les terres profondes, humifères et bien drainées en situation chaude et ensoleillée, à l’abris du vent, mais il craint les excès de calcaire.
Il peut aussi parfois se ressemer et nous en avons trouvé un jeune plant bien loin de là, dans le massif de l’érable, en plein coeur du rosier ‘Mme Legras de Saint Germain’!
Il aurait pu trouver meilleur emplacement tout de même!

rosa ‘Mme Legras de Saint Germain’ et semis spontané de clerodendron bungei

Puisque André aimait tant les plantes rares et originales, en voici une petite dernière pour la route, ou plutôt une grande, le Silphium perfoliatum.

C’est une plante vraiment singulière qui porte à 3 m de hauteur ses fleurs jaune vif.
Les grandes feuilles, disposées par deux sont soudées à leur base autour d’une tige robuste qui a une étonnante forme carrée!
Ses dimensions impressionnantes ne manquent pas de la faire remarquer par les visiteurs, tandis que ses inflorescences jaunes qui éclosent sans arrêt de juillet à septembre font le bonheur d’une foule de papillons et d’insectes pollinisateurs!

Chaque saison au jardin d’André Eve a décidément ses multiples trésors et même quand les roses se font rares, il y a des choses à découvrir!
A bientôt,

Malorie pour l’Association des Amis d’André Eve

3 Responses

  1. quel récit passionnant, mais il en ressort que nombre de ces plantes “exotiques” sont envahissantes, dommage, le Le clérodendron bungei me plairait bien!
    bonne journée Malo, merci pour ce cours

  2. Coucou Malo 😉
    Bel exposé sur les vivaces font le show et qui font du jardin d’André un jardin remarquable et intéressant à visiter en toutes saisons… Bientôt la relève sera assurée par d’autres plantes extraordinaires comme la cohorte d’Aster et les graminées….
    A très vite,
    Bises

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André Eve

André EVE ( 1931-2015 ) a exercé à Pithiviers ( Loiret ) en qualité de rosiériste , obtenteur de variétés nouvelles et créateur de jardins dédiés aux roses.